Michel Rousseau nous a quitté ce 3 aout 2012. Ce Proviseur de Lycée Professionnel passionné par son métier a attendu les vacances pour tirer sa révérence avec élégance, on ne change pas sa nature …
Il avait commencé sa carrière en 1980 comme Professeur d’Allemand au Lycée Charles Baudelaire, et l’a terminé cet été comme Proviseur du même établissement, son Lycée de coeur.
Voici quelques mots, non pour atténuer notre peine, mais pour rappeler et saluer l’itinéraire d’un de ces anonymes qui sont la grandeur de l’Education Nationale, héritier légitime des hussards noirs qui à partir des écoles de quartier ou de province ont construit notre République. L’enseignement professionnel fait partie intégrante de cette grande et belle histoire …
Son Lycée et l’institution lui ont rendu l’hommage qu’il méritait, en présence du Recteur de Créteil, William Marois, de la Directrice Départementale des Services de l’Education, de ses proches et de nombreux amis qui l’ont accompagné dans son itinéraire professionnel : Gué à Tresme, Thorigny et Meaux.
« Michel a débuté ici, au sortir de l’école normale de Saint Denis dans laquelle ce Marseillais bon teint avait été admis aprés sa réussite au concours national. Il est passé de Marseille à Saint Denis et de Saint Denis à Meaux, sans perdre son accent …
Il a commencé sa carrière, dans les plâtres, en septembre 1980, au Lycée Professionnel Charles Baudelaire de Meaux, établissement flambant neuf, comme professeur d’Allemand. Il a permis à des générations d’élèves de CAP puis de BEP de s’imprégner de la langue de Goethe dans laquelle il excellait. J’ai le souvenir ému d’un de nos duos, moi à la guitare, lui au chant interprétant Lili Marlene, lors d’une des fêtes innombrables données au Lycée avec élèves et enseignants.
Il avait compris que pour avoir des élèves en allemand, il lui fallait travailler certaines capacités relationnelles et développer les aménités surprenantes de cette matière, derrière les langues, notamment étrangère et même l’allemand, il y a surtout et avant tout l’échange, de l’humanité, et plus simplement de l’humain … Dés son premier cours, il s’est investit pleinement dans son métier d’enseignant et d’éducateur, d’animateur mais au sens premier du mot, celui de «donner la vie», ou plutôt de la redonner, car Baudelaire est avant toute chose, un Lycée Professionnel.
Michel effectivement vivait, respirait, vibrait pour ce secteur de l’Education Nationale, trop souvent ignoré de beaucoup de nos décideurs et éloigné des sunlights de la renommée. Il était de ses hussards noirs de l’Enseignement, comme beaucoup d’entre nous. Notre mission, notre vocation plutôt, est de réparer, de redonner à des élèves sinistrés par les accidents ou les aléas de la vie, l’envie de se réconcilier avec eux mêmes, de se relever, pour mieux rebondir, et devenir ensuite des citoyens accomplis et de vrais professionnels, le plus incroyable est qu’on y arrive …
Il a été des professeurs qui ont contribué à créer, porter, développer « l’état d’esprit Baudelaire » qui résume si bien la particularité et la richesse de l’Enseignement Professionnel. Si beaucoup sont aujourd’hui à la retraite, prés du soleil et de la mer le plus souvent, ils sont singulièrement présents ici aujourd’hui avec nous … Ces passeurs ont réussit à transmettre ce qui faisait le sel de leur vie et de leur passion professionnelle à une nouvelle génération d’enseignants prometteuse, perpétuant, avec les mots d’aujourd’hui, les méthodes nouvelles que nous permettent les technologies de la communication, ces invariants et fondamentaux que sont l’humilité, la qualité d’écoute, le sens de l’équipe, la fraicheur, l’enthousiasme et surtout la confiance en la jeunesse.
Son choix de carrière comme personnel de direction était pour lui évident. Plutôt que surfer d’établissements en établissements … toujours plus gros, toujours plus loin, il a préféré creuser son sillon afin de voir les graines qu’il avait contribué à semer, l’enseignement est avant tout affaire d’équipe surtout en Lycée Professionnel, sortir de terre, puis pousser et grandir, avant de fleurir et de donner de beaux fruits riche de promesses.
Il était revenu dans son Lycée de cœur il y a trois ans, une nouvelle fois dans les plâtres, du fait d’une rénovation lancée grâce à la Région, il a retrouvé alors un établissement qui avait gardé dans ses gènes et dans son cœur qui bat singulièrement aujourd’hui, la même ferveur, la même passion, les mêmes valeurs qui l’animait en 1980 …
Baudelaire est avant toute chose, un Lycée Professionnel, et notre mission, notre vocation plutôt, est de réparer, de redonner à des élèves sinistrés par les aléas et les accidents de la vie, tout simplement l’envie … »
Meaux, le 18 octobre 2012